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aux lieux même les plus reculés, tu n’empêcheras pas que je ne sois prête à voir les portes de la mort sans frayeur, et après tant de travaux je descendrai avec tranquillité dans les lieux paisibles. »

Elle n’avait plus de quoi filer, elle n’avait plus de quoi vivre ; et, s’appuyant sur sa quenouille, elle prit son chemin dans un petit bois, et cherchant de l’œil une place pour se reposer, elle fut bien étonnée de voir courir vers elle trois petits enfants, plus beaux que le plus beau jour. Elle fut toute réjouie de voir une si gracieuse compagnie. Ils lui firent cent caresses, et se mettant à terre pour les recevoir plus commodément, l’un lui passait ses petits bras autour du cou, l’autre la prenait par derrière, et le troisième l’appelait sa mère. Elle attendit longtemps pour voir si on ne les viendrait point chercher, croyant que ceux qui les avaient amenés là ne manqueraient pas de les venir reprendre. Tout le jour se passa sans qu’elle vît personne.

Elle se résolut à les mener chez elle et crut que le ciel lui rendait ce petit troupeau en la place de celui qu’elle avait perdu. Il était composé de deux filles qui n’avaient que deux et trois ans, et d’un petit garçon qui en avait cinq. Ils avaient chacun de petits cordons pendus au cou, auxquels étaient attachés de petits bijoux. L’un était une cerise d’or émaillée d’incarnat, et il y avait gravé tout autour ces paroles : Lirette. Elle crut que c’était le nom de la petite fille, et elle se résolut de l’appeler ainsi. L’autre était une azerole où il y avait écrit Mirtis. Et le petit garçon avait une amande d’un bel émail vert, où il y avait autour Finfin. La bonne femme comprit bien que c’étaient leurs noms.

Les petites filles avaient quelques pierreries à leurs coif-