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Les deux frères ne s’étaient point ennuyés pendant tout ceci ; ils étaient passionnément amoureux, et favorablement écoutés des deux plus charmantes personnes du monde. Il est vrai que c’étaient des beautés différentes : celle de Luisante surprenait davantage, mais celle de Fleur d’Épine était plus touchante : l’une éblouissait, et l’autre s’insinuait jusqu’au fond du cœur, à mesure que l’on examinait mille charmes qui n’ont point de nom, et qu’on sent bien mieux qu’on ne peut exprimer.

Le beau Phénix, après avoir renouvelé ses caresses à un frère qu’il aimait tendrement, était sur le point de satisfaire au désir qu’il avait d’apprendre ses aventures depuis leur séparation, quand le calife les rejoignit avec l’illustre Serène.

Tarare les ayant suppliés de trouver bon que ce récit se fît en leur présence, Phénix le commença de cette manière :


HISTOIRE DE PHÉNIX.


« En nous séparant, le prince Pinson et moi, pour chercher les aventures…

— Et qui est, s’il vous plaît, le prince Pinson ? dit le calife.

— Moi, Sire, dit Tarare ; et ce fut sans savoir pourquoi que j’ai quitté ce nom pour prendre celui que je porte, et que je suis résolu de porter toute ma vie, puisque, sous ce nom, je me suis fait connaître à la belle Fleur d’Épine. »

Tarare leur apprit alors ce qu’ils ne savaient pas de ses aventures, jusqu’à cette séparation dont son frère venait de parler ; et Phénix, reprenant la parole :