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ment de la fille, ne pouvait comprendre qu’on eût d’autre inquiétude que la sienne ; et, au lieu de faire attention à ce que disait le calife, il lui dit qu’ayant répondu de Fleur d’Épine à la magicienne Serène, il n’en avait obtenu le remède à tant de maux qu’à cette condition ; qu’il fallait avant toutes choses revoir Fleur d’Épine, et qu’après cela il se faisait fort de retrouver le perroquet.

Luisante entendit ces paroles de consolation, et les crut, dans la bouche d’un homme qui ne se vantait de rien dont il ne pût venir à bout. Le calme qui revint dans son cœur lui rendit ses attraits, que la douleur avait troublés. Elle commença de se souvenir de Tarare, de ce qu’il avait fait pour elle, et de ce qu’elle lui avait promis. Elle y rêva quelque temps, et le souvenir de son premier penchant, sa parole et sa reconnaissance s’étant offerts à la fois pour la déterminer, elle se mit à genoux devant le calife son père, et lui demanda permission de s’acquitter de tant d’engagements envers un homme qui avait tout hasardé pour son service.

Quand le calife l’entendit, il fit un saut de joie qui étonna toute la cour ; et, au lieu de répondre à sa fille, il pensa l’étouffer à force de la baiser, lui jura qu’elle lui aurait fait moins de plaisir par un choix qui eût ajouté à ses États quinze provinces comme Cachemire ; et, se retournant vers son nouveau gendre pour l’embrasser, en lui présentant la main de la plus belle princesse du monde, il ne le trouva plus. Ce fut inutilement qu’on le fit chercher par tout le palais ; il n’avait pas plus tôt imaginé la conclusion des réflexions que Luisante, après quelques regards, s’était mise à faire, que, s’étant perdu dans la foule, il était retourné