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life elle vit entrer Tarare, elle fit un cri, et demeura penchée sur le dos du canapé. S’il fut surpris de cette action, il le fut bien plus d’une figure si extraordinaire : il ne laissa pas d’en approcher et, dans le temps quelle reprenait ses esprits, il lui demanda où était Fleur d’Épine. Ce fut le coup mortel pour son cœur ; ses forces l'abandonnèrent ; et, au lieu de lui répondre, cachant son visage dans un des coins du canapé, elle s’abîma dans le désespoir et les larmes.

Tarare, ne comprenant rien ni à sa douleur ni à sa figure, sortit pour chercher Fleur d’Épine par toute la maison. La sénéchale et la More se tuaient de lui dire, en riant, qu’il en venait : il fut impatienté d’une plaisanterie si hors de saison ; mais il fut encore plus choqué de l’air agréable et content dont elles semblaient se moquer de lui. Il les quitta brusquement ; et, s’étant rendu au palais, il y trouva bien une autre scène.

Le beau perroquet s’était sauvé pendant que Tarare accommodait les yeux de Luisante : il la vit à terre qui s’arrachait les cheveux.

Le calife et tous ses courtisans, montés sur des échelles, cherchaient au-dessus des lits et au haut des planchers tous les endroits où il pouvait s’être fourré.

Tarare, qui n’y comprenait rien, demandait à chacun des nouvelles de Fleur d’Épine : chacun lui en demandait du perroquet de la princesse. Il les crut tous fous, et pensa le devenir. Dès que le calife l’aperçut, il courut vers lui ; et, se persuadant que tout lui était possible, il le conjura de calmer le désespoir de Luisante en lui rendant son perroquet.

Tarare, surpris de l’inquiétude du père, et de l’entête-