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mais il ne put tenir sa promesse. Comme il avait été déjà deux fois chez la magicienne, il crut qu’il y parviendrait facilement la troisième ; mais ce fut en vain qu’il s’obstina deux jours entiers à la chercher. Il savait bien qu’il avait cent fois passé tout auprès ; il ne pouvait comprendre pourquoi Serène lui devenait plus inaccessible cette fois que les autres, puisqu’il lui ramenait une fille qu’elle devait aimer tendrement, et qu’il était chargé du reste des trésors qu’elle avait demandés. Il eut peur que Fleur d’Épine ne le soupçonnât de l’avoir trompée sur cet article ; mais les dernières preuves qu’il lui avait données de la sincérité de sa tendresse l’avaient entièrement guérie de toutes ses jalousies : elle n’avait plus que l’inquiétude d’être dans la disgrâce d’une mère qu’elle n’avait jamais vue, et qui semblait refuser de la voir.

Ils ne se rebutèrent pas ; et le troisième jour ils allaient recommencer leur recherche partout aux environs, sans s’aviser, comme Tarare avait fait auparavant, de dire à Sonnante de les mener chez la magicienne ; car elle était douée du pouvoir d’arriver partout où l’on lui disait d’aller, sans qu’aucun enchantement pût l’en empêcher. Tarare ne savait pourtant pas cela ; mais s’il avait été inspiré quand il lui dit de le mener à Cachemire, il ne le fut pas tandis qu’il cherchait inutilement la demeure de Serène.

Ce fut pendant ce temps-là que certain politique de campagne, qui se mêlait d’entretenir des correspondances à la cour, y manda l’arrivée de Tarare : sur quoi, le calife lui ayant dépêché courrier sur courrier, avec ordre de se rendre incessamment à la cour, il fallut obéir malgré quelque légère alarme qui reprit à Fleur d’Épine, et des pressentiments