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lui enveloppa toute la tête dans son mouchoir ; et, après l’avoir chargé sous bras, comme on enlèverait un barbet, il donna la main à Fleur d’Épine, et s’avança vers l’écurie à grands pas.

Il y trouva Sonnante dans le même état qu’il l’avait laissée. Il instruisit Fleur d’Épine de son dessein en peu de mots : elle était si éperdue, qu’elle approuva tout sans rien entendre. « J’ai une frayeur, disait-elle ; je ne crains plus pour moi seule, et c’est avoir trop à craindre : vous avez déjà tant fait, que je devrais me rassurer sur ce que vous me dites ; pour cela sauvons-nous en diligence, puisqu’il n’y a que cela qui nous puisse sauver : mais que ferez-vous de ce petit monstre ? — Je l’écorcherais tout vif, dit-il, pour la peur que vous avez eue de l’épouser, et pour le soufflet qu’il vous a donné, si ce n’est que sa mère ne serait pas si affligée de cette douce mort, qu’elle le sera de celle que je lui prépare. »

La généreuse Fleur d’Épine, qui ne pouvait consentir à d’autre cruauté qu’à celle des beautés sévères envers les tendres amants, se préparait à demander grâce pour le misérable. « Non, lui dit Tarare, ne soyez point alarmée ; tout le mal que nous lui ferons n’ira qu’à être bien à son aise, tandis que nous serons exposés à la fatigue. Je vous prie même de lui laisser quelque faveur pour se souvenir de nous, puisqu’il perd l’espérance de vous avoir pour femme : permettez qu’il porte votre coiffure, en attendant l’honneur de vous revoir. »

Fleur d’Épine ne savait ce que cela voulait dire ; mais elle trouvait qu’il n’était pas trop de saison de plaisanter dans une telle conjoncture. Pour le petit Dentillon, dès qu’il en fut coiffé, son visage parut plus détestable. Il avait entendu