Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle n’est que sorcière ; au lieu que l’autre est une honnête magicienne. Or la sorcière enleva la fille de Serène, quand elle n’était qu’un enfant ; mais à présent qu’elle est grande, elle la tourmente nuit et jour pour lui faire épouser un petit monstre de fils qu’elle a. C’est cette fille qui s’appelle Fleur d’Épine, et qui est au pouvoir de la sorcière : elle a de plus un chapeau si chargé de diamants, et ces diamants sont si brillants, qu’ils jettent autant de rayons que le soleil. Outre tout cela, elle a une jument qui, à chaque crin, a une sonnette d’or dont le son est si harmonieux., qu’on entend une musique ravissante dès qu’elle remue.

« Voilà, Sire, les quatre choses que vous demande Serène, Vous avertissant que quiconque se mettrait en devoir de les enlever à Dentue, il serait comme impossible qu’il ne tombât entre ses mains, et que toutes les puissances de la terre ne le sauveraient pas, s’il y était une fois. »

Le calife et son conseil se mirent à pleurer, voyant, par la dureté de ces conditions, qu’il n’y avait point de remède à leurs maux. Tarare en fut attendri, et s’adressant au calife : « Sire, dit-il, je connais un homme qui serait capable de fournir la première demande, s’il l’entreprenait.

— Quoi ! dit le calife, peindre ma fille ! et qui est le fou qui oserait entreprendre une chose impossible ?

— Tarare, répondit l’autre. — Tarare ! dit le calife. — Tarare ! dit le sénéchal avec tout le conseil ; et Tarare ! enfin s’écrièrent tous les galopins qui jouaient dans la cour du palais.

— Sire, dit le sénéchal, s’il l’entreprend, il en viendra à bout. — Et quand cela serait, dit le calife, qui entreprendra le reste ? — Moi, dit le téméraire Tarare, mais à condition que, lorsqu’on me nommera par hasard, on me laissera en