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vers une grande porte de corail, qui s’ouvrit dès qu’il s’en fut approché, il entra dans un salon de nacre de perles, et ensuite dans plusieurs chambres ornées différemment, et si riches par les peintures et les pierreries, qu’il en était comme enchanté. Mille et mille lumières, attachées depuis la voûte du salon jusqu’en bas, éclairaient une partie des autres appartements, qui ne laissaient pas d’être remplis de lustres, de girandoles et de gradins couverts de bougies ; enfin la magnificence était telle, qu’il n’était pas aisé de croire que ce fût une chose possible.

Après avoir passé dans soixante chambres, les mains qui le conduisaient l’arrêtèrent ; il vit un grand fauteuil de commodité qui s’approcha tout seul de la cheminée. En même temps le feu s’alluma, et les mains, qui lui semblaient fort belles, blanches, petites, grassettes et bien proportionnées, le déshabillèrent : car il était mouillé, connue je l’ai déjà dit, et l’on avait peur qu’il ne s’enrhumât. On lui présenta, sans qu’il vît personne, une chemise aussi belle que pour un jour de noces, avec une robe de chambre d’une étoffe glacée d’or, brodée de petites émeraudes, qui formaient des chiffres. Les mains sans corps approchèrent de lui une table sur laquelle sa toilette fut mise. Rien n’était plus magnifique. Elles le peignèrent avec une légèreté et une adresse dont il fut fort content. Ensuite on le rhabilla, mais ce ne fut pas avec ses habits, on lui en apporta de beaucoup plus riches. Il admirait silencieusement tout ce qui se passait, et quelquefois il lui prenait de petits mouvements de frayeur dont il n’était pas tout à fait le maître.

Après qu’on l’eut poudré, frisé, parfumé, paré, ajusté et rendu plus beau qu’Adonis, les mains le conduisirent dans