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fin. Giroflée la salua. « Voudriez-vous, ma bonne mère, lui dit-elle, me retirer avec ma biche ? Il me faudrait une petite chambre. — Oui, ma belle fille, répondit-elle, je vous donnerai volontiers une retraite ici : entrez avec votre biche. » Elle les mena aussitôt dans une chambre très jolie, toute boisée de merisier ; il y avait deux petits lits de toile blanche, des draps fins, et tout paraissait si simple et si propre, que la princesse a dit depuis qu’elle n’avait rien trouvé de plus à son gré.

Dès que la nuit fut entièrement venue, Désirée cessa d’être biche : elle embrassa cent fois sa chère Giroflée, elle la remercia de l’affection qui l’engageait à suivre sa fortune, et lui promit qu’elle rendrait la sienne très heureuse dès que sa pénitence serait finie.

La vieille vînt frapper doucement à leur porte et, sans entrer, elle donna des fruits excellents à Giroflée, dont la princesse mangea avec grand appétit ; ensuite elles se couchèrent ; et, sitôt que le jour parut, Désirée, étant devenue biche, se mit à gratter à la porte afin que Giroflée lui ouvrit. Elles se témoignèrent un sensible regret de se séparer, quoique ce ne fût pas pour longtemps, et, Bichette s’étant élancée dans le plus épais du bois, elle commença d’y courir à son ordinaire.

J’ai déjà dit que le prince Guerrier s’était arrêté dans la forêt, et que Becafigue la parcourait pour trouver quelques fruits. Il était assez tard lorsqu’il se rendit à la maisonnette de la bonne vieille dont j’ai parlé. Il lui parla civilement, et lui demanda les choses dont il avait besoin pour son maître. Elle se hâta d’emplir une corbeille et la lui donna. « Je crains, dit-elle, que si vous passez la nuit ici sans retraite,