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La reine goûta beaucoup cet expédient, elle en fit part au roi qui l’approuva aussi ; de sorte qu’on envoya dire à Becafigue de venir promptement, et il reçut des assurances certaines que la princesse partirait au plus tôt ; qu’ainsi il n’avait qu’à s’en retourner pour donner cette bonne nouvelle à son maître, et que, pour se hâter davantage, on négligerait de lui faire l’équipage et les riches habits qui convenaient à son rang. L’ambassadeur, transporté de joie, se jeta encore aux pieds de Leurs Majestés pour les remercier ; il partit ensuite, sans avoir vu la princesse.

La séparation du roi et de la reine lui aurait semblé insupportable, si elle avait été moins prévenue en faveur du prince ; mais il est de certains sentiments qui étouffent presque tous les autres. On lui fit un carrosse de velours vert par dehors, orné de grandes plaques d’or, et, par dedans, de brocart argent et couleur de rose rebrodé ; il n’y avait aucunes glaces, il était fort grand, il fermait mieux qu’une boîte, et un seigneur des premiers du royaume fut chargé des clefs qui ouvraient les serrures qu’on avait mises aux portières.

Autour d’elle on voyait les Grâces,
Les Ris, les Plaisirs et les Jeux,
Et les Amours respectueux
Empressés à suivre ses traces ;
Elle avait l’air majestueux,
Avec une douceur céleste ;
Elle s’attirait tous les vœux.
Sans conter ici tout le reste,
Elle avait les mêmes attraits
Que fit briller Adélaïde
Quand, l’Hymen lui servant de guide,
Elle vint dans ces lieux pour cimenter la paix.