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dont l’air fût plus galant. Elle salua la reine, et elle en fut embrassée ; et, sans tarder davantage, elle la conduisit dans une route du bois qui surprit cette princesse : car, encore qu’elle y fût venue mille et mille fois, elle n’était jamais entrée dans celle-là. Comment y serait-elle entrée ? C’était le chemin des fées pour aller à la fontaine : il était ordinairement fermé de ronces et d’épines ; mais, quand la reine et sa conductrice parurent, aussitôt les rosiers poussèrent des roses, les jasmins et les orangers entrelacèrent leurs branches pour faire un berceau couvert de feuilles et de fleurs ; la terre fut couverte de violettes ; mille oiseaux différents chantaient à l’envi sur les arbres.

La reine n’était pas encore revenue de sa surprise, lorsque ses yeux furent frappés par l’éclat sans pareil d’un palais tout de diamants : les murs et les toits, les plafonds, les planchers, les degrés, les balcons, jusqu’aux terrasses, tout était de diamants. Dans l’excès de son admiration, elle ne put s’empêcher de pousser un grand cri, et de demander à la galante vieille qui l’accompagnait si ce qu’elle voyait était un songe ou une réalité. « Rien n’est plus réel, Madame, » répliqua-t-elle. Aussitôt les portes du palais s’ouvrirent, il en sortit six fées ; mais quelles fées ? les plus belles et les plus magnifiques qui aient jamais paru dans leur empire. Elles vinrent toutes faire une profonde révérence à la reine, et chacune lui présenta une fleur de pierreries pour lui faire un bouquet : il y avait une rose, une tulipe, une anémone, une ancolie, un œillet et une grenade. « Madame, lui dirent-elles, nous ne pouvons pas vous donner une plus grande marque de notre considération qu’en vous permettant de nous venir voir ici ; mais nous sommes bien aises de vous