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quer mon attention, et, quand vous ne me voyez point, ces petits bijoux me rappellent à votre souvenir. » Florine lui dit là-dessus mille choses obligeantes, auxquelles il répondit par mille autres qui ne l’étaient pas moins.

La nuit suivante, l’oiseau amoureux ne manqua pas d’apporter à sa belle une montre d’une grandeur raisonnable, qui était dans une perle ; l’excellence du travail surpassait celle de la matière. « Il est inutile de me régaler d’une montre, dit-elle galamment ; quand vous êtes éloigné de moi, les heures me paraissent sans fin ; quand vous êtes avec moi, elles passent comme un songe : ainsi je ne puis leur donner une juste mesure. — Hélas ! ma princesse, s’écria l’oiseau bleu, j’en ai la même opinion que vous, et je suis persuadé que je renchéris encore sur la délicatesse. — Après ce que vous souffrez pour me conserver votre cœur, répliqua-t-elle, je suis en état de croire que vous avez porté l’amitié et l’estime aussi loin qu’elles peuvent aller. »

Dès que le jour paraissait, l’oiseau volait dans le fond de son arbre, où des fruits lui servaient de nourriture ; quelquefois encore il chantait de beaux airs, sa voix ravissait les passants ; ils l’entendaient et ne voyaient personne : aussi il était conclu que c’étaient des esprits. Cette opinion devint si commune que l’on n’osait entrer dans le bois ; on rapportait mille aventures fabuleuses qui s’y étaient passées, et la terreur générale fit la sûreté particulière de l’oiseau bleu.

Il ne se passait aucun jour sans qu’il fit un présent à Florine : tantôt un collier de perles, ou des bagues des plus brillantes et des mieux mises en œuvre, des attaches de diamants, des poinçons, des bouquets de pierreries qui imitaient la couleur des fleurs, des livres agréables, des médailles ;