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si elle cherche à découvrir mes sentiments, je suis prête à lui en faire l’aveu. — Non, ma princesse, répondit-il, l’amant qui vous parle n’est point capable de vous trahir. » En achevant ces mots, il vola sur la fenêtre. Florine eut d’abord grande peur d’un oiseau si extraordinaire, qui parlait avec autant d’esprit que s’il avait été homme, quoiqu’il conservât le petit son de voix d’un rossignol ; mais la beauté de son plumage et ce qu’il lui dit la rassura. « M’est-il permis de vous revoir, ma princesse ? s’écria-t-il. Puis-je goûter un bonheur si parfait sans mourir de joie ? Mais, hélas ! que cette joie est troublée par votre captivité et l’état où la méchante Soussio m’a réduit pour sept ans ! — Et qui êtes-vous, charmant oiseau ? dit la princesse en le caressant.

— Vous avez dit mon nom, ajouta le roi, et vous feignez de ne pas me connaître ? — Quoi ! le plus grand roi du monde ! Quoi ! le roi Charmant, dit la princesse, serait le petit oiseau que je tiens ? — Hélas ! belle Florine, il n’est que trop vrai, reprit-il, et, si quelque chose m’en peut consoler, c’est que j’ai préféré cette peine à celle de renoncer à la passion que j’ai pour vous. — Pour moi ? dit Florine. Ah ! ne cherchez point à me tromper ! Je sais que vous avez épousé Truitonne ; j’ai reconnu votre anneau à son doigt ; je l’ai vue toute brillante des diamants que vous lui avez donnés ; elle est venue m’insulter dans ma triste prison, chargée d’une riche couronne et d’un manteau royal qu’elle tenait de votre main, pendant que j’étais chargée de chaînes et de fers. — Vous avez vu Truitonne en cet équipage ? interrompit le roi ; sa mère et elle ont osé vous dire que ces joyaux venaient de moi ? Ô ciel ! est-il possible que j’entende des mensonges si affreux, et que je ne puisse m’en venger aussi-