prince eut une joie de scélérat de ce que le père des princesses serait par là entièrement convaincu de la mauvaise conduite de ses filles.
Cependant Babillarde n’était plus en humeur d’aller chercher ses sœurs : elle craignait, avec raison, qu’elles ne pussent approuver sa conduite ; mais le prince s’offrit de les aller trouver, et dit qu’il ne manquerait pas de moyens pour les persuader de l’approuver. Après cette assurance, la princesse, qui n’avait point dormi de la nuit, s’assoupit, et, pendant qu’elle dormait, Riche-Cautèle l’enferma à la clef, comme il avait fait Nonchalante.
N’est-il pas vrai, belle comtesse, que ce Riche-Cautèle était un grand scélérat, et ces deux princesses de lâches et imprudentes personnes ? Je suis fort en colère contre tous ces gens-là, et je ne doute pas que vous n’y soyez beaucoup aussi ; mais ne vous inquiétez point, ils seront tous traités comme ils le méritent. Il n’y aura que la sage et courageuse Finette qui triomphera.
Quand ce prince perfide eut enfermé Babillarde, il alla dans toutes les chambres du château, les unes après les autres ; et comme il les trouva toutes ouvertes, il conclut qu’une seule, qu’il voyait fermée par dedans, était assurément celle où s’était retirée Finette. Comme il avait composé une harangue circulaire, il s’en alla débiter à la porte de Finette les mêmes choses qu’il avait dites à ses sœurs. Mais cette princesse, qui n’était pas une dupe comme ses aînées, l’écouta assez longtemps sans lui répondre. Enfin, voyant qu’il était éclairci qu’elle était dans cette chambre, elle lui dit que, s’il était vrai qu’il eût une tendresse aussi forte et aussi sincère pour elle qu’il voulait le lui persuader, elle le priait de des-