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qui amusent d’ordinaire les personnes de son sexe ; mettait l’ordre et la règle dans la maison du roi, et empêchait, par ses soins, les pilleries des petits officiers ; car, dès ce temps-là, ils se mêlaient de voler les princes.

Ses talents ne se bornaient pas là ; elle avait beaucoup de jugement, et une présence d’esprit si merveilleuse, qu’elle trouvait sur-le-champ des moyens pour sortir de toutes sortes d’affaires. Cette jeune princesse avait découvert, par sa pénétration, un piège dangereux qu’un ambassadeur de mauvaise foi avait tendu au roi son père, dans un traité que ce prince était tout prêt à signer. Pour punir la perfidie de cet ambassadeur et de son maître, le roi changea l’article du traité ; et, en le mettant dans les termes que lui avait inspirés sa fille, il trompa à son tour le trompeur même. La jeune princesse découvrit encore un tour de fourberie qu’un ministre voulait jouer au roi ; et, par le conseil qu’elle donna à son père, il fit retomber l’infidélité de cet homme-là sur lui-même. La princesse donna, dans plusieurs autres occasions, des marques de sa pénétration et de sa finesse d’esprit ; elle en donna tant, que le peuple lui donna le nom de Finette. Le roi l’aimait beaucoup plus que ses autres filles, et il faisait un si grand fond sur son bon sens, que, s’il n’avait point eu d’autre enfant qu’elle, il serait parti sans inquiétude ; mais il se défiait autant de la conduite de ses autres filles, qu’il se reposait sur celle de Finette. Ainsi, pour être sûr des démarches de sa famille, comme il se croyait sûr de celles de ses sujets, il prit les mesures que je vais dire.

Vous qui êtes si savante dans toutes sortes d’antiquités, je ne doute pas, comtesse charmante, que vous n’ayez cent fois entendu parler du merveilleux pouvoir des fées. Le roi