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CHATEAUBRIAND.

Caractérisant Toriginalité et « l’influence du premier écrivain du xixe siècle, dans l’ordre du temps et du génie », Villemain constate « qu’il a changé, dans l’ordre moral, une partie des opinions de ce siècle ; qu’il a ramené la littérature à la religion et l’esprit religieux à l’esprit de liberté ; qu’il a été rénovateur dans l’imagination, la critique et l’histoire ».

Nous arrivons au jugement ou plutôt aux jugements divers de Sainte-Beuve.

Il déclare, dans la préface de son ouvrage sur Chateaubriand et son groupe, datée de septembre 1849, « avoir reconquis sa liberté, être échappé au charme, et n’être pas enchaîné par la reconnaissance ». « Car, » ajoute-t-il, « en dépit de son nom prononcé avec éloge en deux ou trois circonstances, il n’en a pas moins ressenti combien, en toute occasion, M. de Chateaubriand s’est montré peu favorable et même contraire à l’ordre d’idées et d’efforts poétiques auxquels sa jeunesse s’était associée, et que sa vieillesse était faite pour accueillir, puisque la source avait jailli sous son ombre et comme entre les pieds du vieux chêne. »

Mécontent de l’auteur de René comme romancier et comme poète, Sainte-Beuve le lui fait bien voir en soumettant son œuvre à une critique méticuleuse, qui se dédommagera des admirations de détail par un jugement final refusant le premier rang à celui qu’on a cependant reconnu comme « le plus illustre de nos écrivains modernes », comme « le plus grand