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affectés sont ordinairement lymphatiques, délicats et débiles, souvent stériles ; ils sont héliophobes et nyctalopes, c’est-à-dire qu’ils redoutent le grand jour et voient mieux la nuit. Darwin a montré que dans l’espèce féline les albinos sont prédisposés à la surdité. Le plus souvent l’albinisme n’est que partiel ; il en résulte des taches blanches plus ou moins étendues intéressant la peau et les poils, qui donnent lieu, dans notre espèce, aux nègres pies ou mouchetés et au vitiligo de l’homme de race blanche, dans les animaux, à ce qu’on appelle les taches de ladre. Celles-ci sont particulièrement fréquentes chez le cheval au bout et sur le devant de la tête, sur les paupières, à l’extrémité des membres, sur la région génito-anale. Lorsque la dépigmentation a frappé spécialement l’iris, on dit que l’œil est vairon, ce qui est commun dans l’espèce canine et modifie singulièrement la physionomie, surtout si la décoloration n’est pas égale dans les deux yeux.

L’albinisme est très héréditaire. « Vincent a cité le cas d’un ménage noir qui eut 4 albinos sur 10 enfants. Une négresse pie, fille de parents, l’un et l’autre normaux, épousa en 1868 un nègre exempt de toute trace d’albinisme ; 15 enfants naquirent de cette union, 7 normaux, les 8 autres offrant des taches blanches ; 3 de ces derniers, mariés à des sujets noirs normaux, ont eu à leur tour 9 enfants dont 7 présentaient une achromie très nette de plusieurs parties du corps. » Dubreuil-Chambardel). Chez les animaux on a observé que les taches blanches du pelage, en tant qu’elles correspondent à de la peau ladre, sont très envahissantes sur les descendants quand on ne prend pas soin de les éliminer par sélection des reproducteurs.

Remarquons en terminant qu’il ne suffit pas que le pelage soit blanc pour qu’il y ait albinisme, attendu qu’un animal blanc, rasé, peut de ce seul fait devenir nègre ; c’est le cas pour les chevaux : la couleur de leur peau est normalement brune ou noire, quelle que soit celle de leur robe. Il n’y a albinisme qu’autant que la peau elle-même est dépigmentée. Les poils poussent toujours blancs sur une peau ladre, mais ils peuvent aussi pousser blancs sur une peau noire.

Par excès. — La pigmentation brune ou noire de la peau constitue le mélanisme. C’est la règle chez les hommes nègres, et chez divers animaux tels que les chevaux, la poule nègre, etc. On peut aussi l’observer à titre anormal, c’est alors hyperchromie. Morot en a cité un exemple remarquable chez un veau, intéressant non seulement la peau mais encore les muqueuses, les séreuses et la pie-mère (Soc.