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trueux que, dans le langage vulgaire, on appelle veaux camards, veaux bouledogues, veaux tortues, veaux crapauds, etc.

L’étiologie de ce processus dystrophique n’est pas encore élucidée. Jules Guérin incriminait une affection nerveuse de l’embryon entraînant « arrêt, empêchement ou perversion de l’action formatrice ». Delplanque, rallié à cette idée, accusait les contractures musculaires de faire obstacle mécaniquement au développement du squelette. D’autres auteurs considérant l’épaississement de la peau et l’état myxœdémateux de certains achondroplases ont mis en cause l’insuffisance de la sécrétion thyroïdienne ; mais l’achondroplasie est loin d’impliquer toujours l’état crétinoïde ou myxœdémateux ; au surplus les corps thyroïdes sont le plus souvent normaux et le traitement par les extraits thyroïdiens absolument inefficace. Elle n’est pas toujours sporadique, parfois elle sévit endémiquement dans certaines fermes ou certains pays. C’est ainsi que, sur 82 veaux nés dans les troupeaux de Dexter Kerry, 19 en étaient atteints (Soc. pathol. de Londres 1903) et que, en Italie, Della Pace signale en 1896, 7 naissances de pareils veaux dans le même domaine, dont l’anomalie était compliquée d’ectrodactylie ou de polydactylie. Ces faits portent à penser que l’affection pourrait bien avoir pour cause quelque infection ou carence alimentaire. D’autre part M. Rullier vétérinaire à Aix-les-Bains nous a signalé le cas d’un taureau bien conformé et bien portant qu’on dut réformer comme géniteur parce qu’il engendrait des veaux achondroplases ; l’endémicité de l’affection s’expliquerait-elle par des taureaux monstrigènes ? — Ces deux hypothèses n’excluent pas d’ailleurs l’intervention d’un trouble endocrinien, thyroïdien ou autre. Disséquant ces temps-ci avec M. Tagand un veau achondroplase, nous avons été frappés de l’état extrêmement rudimentaire du pancréas et de l’absence de l’hypophyse, tandis qu’il y avait hypertrophie du thymus et état normal des corps thyroïdes, qui pesaient le premier 215 gr. les seconds 15 gr., le poids total du fœtus étant de 23 kilogs.

Références. — Parrot : Arch. physiol., 1876 et B. Soc. d’anthrop., Paris 1878 ; Porak et Durante : XIIIe Cong. intern. méd., Paris, 1901 ; Thèse inaugur., du Dr Pelloquin, Lyon, 1902 ; Dareste : Recherches sur les veaux à tête de bouledogue, C. R. A. S., 1887 ; Delplanque : Etudes tératol., les veaux ñatos, Paris 1885 ; G. Barrier : Quelques cas de cynocéphalie, Soc. centr. vétér., Paris 1885 ; Apert : Soc. de biol., 1902 ; Dechambre et G. Petit : Recueil de méd. vét., 1894 ; P. Leblanc : Achondroplasie et myxœdème, Soc. biol., 1902 ; H. Gadeau de Kerville : Bul. S. amis des sc. nat., Rouen 1902 ; Félix Regnault : Soc. Anat., Paris 1901 ; Poncet et Leriche :