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trait est une sorte de géant comparativement à certains petits chevaux dont la taille descend au-dessous du mètre, mais, non plus que ceux-ci, il ne relève de la tératologie puisqu’il réalise la taille de sa race ; ses proportions sont d’ailleurs harmoniques et toutes ses fonctions s’accomplissent normalement. On pourrait en dire autant d’un chien de Terre-Neuve comparé à certains petits toutous que les dames logent dans leur manchon. On admet aujourd’hui que le gigantisme tératologique est dû à des perturbations de certaines sécrétions internes, et l’on distingue le géantisme hypophysaire et le géantisme testiculaire. Le premier relève d’une lésion du lobe antérieur de la glande pituitaire, ainsi que l’acromégalie, mais celle-ci en diffère par une singulière hypertrophie des extrémités, y compris la tête. Le géantisme testiculaire est fluet et gracile, contenu dans des limites beaucoup moins étendues ; il réalise la conformation des eunuques, infantilé avec des jambes d’échassier (Voy. Voronoff. La Greffe animale. Ses applications utilitaires au cheptel, Paris 1925).

C. Polysarcie. — La polysarcie ou surabondance des chairs consiste dans un développement tout à fait excessif des parties molles, qui ont été envahies et surchargées par le tissu adipeux. C’est l’obésité à son dernier degré le corps est bouffi, les formes flasques et redondantes, le poids énorme. On a vu des hommes et même des femmes peser 200 à 300 kilogrammes. S’il fallait en croire un auteur anglais, un de ses compatriotes aurait atteint 980 livres !

Les polysarques sont presque toujours mous, essoufflés, plus ou moins maladifs, inféconds et surtout impuissants. Les animaux sont sujets autant que l’homme à cette infirmité, mais c’est nous qui les y poussons en les engraissant jusqu’au fin-gras. On expose dans les concours des bœufs de 1.200 à 1.500 kilogrammes, des porcs de 400 à 500 kilogrammes, des moutons de 150 à 200 kilogrammes etc., tous animaux gonflés de graisse, anhélants, gênés dans leurs mouvements, sans ardeur génitale ; le zootechniste s’extasie et les déclare améliorés — pour lui oui, mais pas pour eux — ce sont de vrais polysarques.

L’adiposité n’est pas toujours généralisée, elle est parfois localisée. On peut considérer comme autant de cas de polysarcie partielle la stéatopygie des femmes hottentotes, la grosse queue de certains moutons d’Afrique, les bosses dorsales des zébus et des chameaux, à cette différence près que c’est chez eux un caractère de race et non une anomalie.