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Jules Guérin, dans une discussion célèbre avec le professeur Joly, de Toulouse, engagée en 1866 et 1867 dans la Gazette médicale, a critiqué cette classification sous prétexte que les monstres sont des produits fortuits, accidentels, pervertis, qui ne sont pas comparables aux êtres normaux. Ceux-ci sont fixes ou à peu près fixes ; il n’en est pas de même de ceux-là qui relèvent généralement de la pathologie de l’embryon et pour lesquels on pourrait créer autant d’espèces que d’individus ; c’est une classification « étiologique et morphogénique » qui leur conviendrait.

Il y a une part de vérité dans cette critique. Il est certain que les Geoffroy Saint-Hilaire ont multiplié les genres outre mesure et compliqué sans utilité la terminologie, que d’autre part ils ont méconnu l’importance de la pathologie embryonnaire comme, cause des anomalies, et de l’embryologie comme explication de leur développement. Mais il faut convenir que leurs « familles tératologiques » sont en général naturelles et marquées au coin du génie. Nous adopterons donc, dans leurs grandes lignes, la classification et la terminologie de ces deux hommes illustres qui compteront toujours parmi les gloires les plus pures de la science anatomique française.