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ACTE II . tfétMt pas tout-à-fait nette , au moins, et je trou- >ois vos porcelaines assez communes. LA BARONNE. Il est vrai. M. TURCARET. Je vais vous en chercher d’autres. LA BARONNE. Voilà ce que vous coûtent vos folies. M. TURCARET. Bagatelle Î....J.. Tout ce que j’ai cassé ne valoil pas plus de trois cents pistoles. (// veut s* en aller, etia baronne l’arrête.] LA BARONNE. Attendez , monsieur, il faut que je vous fasse one prière auparavant. M. TURCARET. Une prière ? Oh ! donnez vos ordres. LA BARONNE. Faites avoir une commission , pour l’amour de moi, à ce pauvre Flamand, votre laquais. C’est un garçon pour qui j’ai pris de l’amitié. M. TURCARET. Je Taurois déjà poussé si je lui avois trouvé quelque disposition ; mais il a l’esprit trop bonace : cela ne vaut i ;"ien pour les affaires. LA ^aronnt :. Donnez-lui un emploi qui ne soit pas difficile à exercer. M. TLTICARET. II en aura un dès aujourd’hui ; cela vaut fait, LA BARONNE. Ce n’est pas tout. Je veux mettre auprès de vous Frontin . le laquais de mon cousin le chevalier ; c’est aussi un très-bon enfant. II. TLRCARET. Je le prends, madame ; et vous promets de le faire commis au premier jour. SCÈNE . LA BARONNE, M. TLRCARET, FRONTIN. FRONTIN à ia baronne. Madame, vous allez bientôt avoir la fille dont je vous ai parlé. LA BARON-NE à .1/. Turcarcf. Monsieur, voilà le garçon que je veux vous donner. M. TLT.CARET.

paroît un peu innocent. 

LA BARONNE. Que vous vous counoissez bien en physio- nomies ! M. TLRCARET. J’ai le coupd’œil infaillible (à Frontin.) SCÈiVE VI. 763 I Approche , mon ami. Dis-moi on peu, as-tu déjà quelques principes ? FRONTDÎ. Qu’appelez- vous des principes ? M. TLRCARET. Des principes de commis ; c’est-à-dire si tu sais comment on peut empêcher les fraudes ou les favoriser ? FRONTDi. Pas encore , monsieur, mais je sens que j’ap- prendrai cela fort facilement. M. TURCARET. Tu sais du moins l’arithmétique ? ta sais faire des comptes à parties simples ? FRONTIN. Ohl oui, monsieur ; je sais même faire des parties doubles. J’écris aussi de deux écritures, tantôt de l’une et tantôt de l’autre. M. TLtlCARET. Delà ronde, n’est-ce pas ? FRONTIN. De la ronde, de l’oblique. M. TLRCARET. Comment, de l’oblique ? frontin ; Eh ! oui i d’une écriture que vous connoîsiî^... là... d’une certaine écriture qui n’est pas l^itime. M. TURCARET à {a baronne. Il veut dire de la bâtarde FRONTIN. Justement ; c’est ce mot-là que je cherchois. M. TLTRCARET à ia baronne.

Quelle ingénuité ! Ce garçon-là, madame, est

I bien niais.

! LA BARONTkE. 

i II se déniaisera dans vos bureaux. M. TURCARET. Oh ! qu’oui, madame, ohl qu’oui. D’ailleurs un bel esprit n’est pas nécessaire pour faire son chemin. Hors moi et deux ou trois autres, il n’y a parmi nous que des génies assez communs. II suffit d’un certain usage , d’une routine que l’on ne maïKjue guère d’attraper. Nous voyous tant de gens ! nous nous éludions à prendre ce que le monde a de meilleur ; voilà toute notre science. LA BARONIVE. Ce n’est pas la plus inutile de toutes. M. TLRCARET à Front in. Oh ! çà , mon ami , tu es à moi , et tes gages coureut dès ce moment. FRONTIV. Je vous regarde donc, monsieur, comme mon j’.ouwau maître Mais, en qualité d’ancien la- j quais de M. le chevalier, il faut que je m’acquitte 1 d’une commission dont il m’a chargé ; il vous