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Scène II

FIX, PASSEPARTOUT, UN TAVERNIER.
PASSEPARTOUT, entre par le fond, sa sacoche en bandoulière et une demi-douzaine de revolvers à sa ceinture. S’asseyant, essoufflé.

Ouf ! je n’avais pas besoin de tant courir ! les guichets ne sont pas encore ouverts.

LE TAVERNIER.

Qu’est-ce qu’il faut servir au gentleman ?

PASSEPARTOUT.

Un verre de mint-julep pour le gentleman !

LE TAVERNIER, à un garçon qui passe.

Mint-julep ! (Le garçon sort.)

PASSEPARTOUT.

Dites-moi, tavernier, dans combien de temps délivrera-t-on les billets à la gare ?

LE TAVERNIER.

Dans une heure, Votre Honneur.

PASSEPARTOUT.

Mon Honneur vous remercie… Ah ! vous regardez ma ceinture ?

LE TAVERNIER.

Oui ; vous avez une assez jolie collection de revolvers !

PASSEPARTOUT.

Voilà ! tant qu’on voyage dans les pays sauvages, rien à craindre ; mais dans les pays civilisés, c’est autre chose ! Et comme on m’a dit que le grand chemin de fer du Pacifique n’était pas sûr !… (Montrant les revolvers.) Cela, Voyez-vous, c’est pour défendre ceci. (Il montre la sacoche.)

FIX, à part.

Oui, oui, la sacoche aux millions volés !

(Le garçon apporte le plateau.)

PASSEPARTOUT.

Mettons-nous un peu plus à l’aise… (Il va à la table et dépose sa sacoche sans défaire la courroie qu’il porte à son cou.)

LE TAVERNIER, servant.

Voici le sucre, le citron, la menthe verte, la glace, l’eau, le cognac et l’ananas frais ! (Il s’éloigne.)