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accueilleront avec des transports de joie celui qui se présentera sous le nom de Michel Strogoff, le courrier du czar. Va ! tout est bien combiné, et ma vengeance sera prompte à frapper ! À l’heure convenue entre l’émir et moi, les Tartares attaqueront la porte de Tchernaïa, qu’une main amie, la mienne, saura leur ouvrir.

SANGARRE.

Espères-tu donc que les Russes ne défendront pas cette porte ?

IVAN.

Une terrible diversion les en empêchera et attirera tous les bras valides au quartier de l’Angara !

LE CHEF.

Cette diversion, quelle sera-t-elle ?

IVAN.

Un incendie !

TOUS.

Un incendie ?

IVAN.

Que vous autres, soldats, vous aurez allumé !

LE CHEF.

Nous ! que veux-tu dire ?

IVAN, montrant l’Angara.

Voyez ce fleuve qui coule et traverse la ville. C’est l’Angara, et c’est lui… lui-même… qui va dévorer Irkoutsk !

SANGARRE.

Ce fleuve ?

IVAN.

Au moment convenu, ce fleuve va rouler un torrent incendiaire. Des sources de naphte sont exploitées à trois verstes d’ici. Nous sommes maîtres des immenses réservoirs de Baïkal, qui contiennent tout un lac de ce liquide inflammable !… Un pan de mur démoli par vous, et un torrent de naphte se répandra à la surface de l’Angara. Alors il suffira d’une étincelle pour l’enflammer et porter l’incendie jusqu’au cœur d’Irkoutsk ! Les maisons bâties sur pilotis, le palais du Grand-Duc lui-même seront dévorés, anéantis !… Ah ! Russes maudits ! vous m’avez jeté dans le camp des Tartares ! Eh bien, c’est en Tartare que je vous fais la guerre !

LE CHEF.

Tes ordres seront exécutés, Ivan, mais quel moment choisirons-nous pour renverser la muraille des réservoirs de Baïkal ?