Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/385

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

là, devant moi !… Que je voie encore ta figure bien-aimée !… Que mes yeux se ferment en te regardant !

IVAN, à Strogoff.

Ah ! tu pleures ! Tu pleures comme une femme.

STROGOFF, se redressant.

Non ! comme un fils !

IVAN.

Bourreau, accomplis ton œuvre !

(Les bras de Strogoff ont été saisis par des soldats ; il est tenu agenouillé de manière à ne pouvoir faire un mouvement. La lame incandescente passe devant ses yeux.)

STROGOFF, poussant un cri terrible.

Ah ! (Marfa tombe évanouie. Nadia se précipite sur elle.)

IVAN.

À mort ! maintenant, à mort, l’espion !

TOUS.

À mort ! à mort ! (Des soldats se jettent sur Strogoff pour le massacrer.)

FÉOFAR.

Arrêtez !… arrêtez !… Prêtre, achève le verset commencé.

LE PRÊTRE, lisant.

… « Et aveugle, il sera comme l’enfant, et comme l’être privé de raison, sacré pour tous !… »

FÉOFAR.

Que nul ne touche désormais à cet homme, car le Koran l’a dit : « Vous tiendrez pour sacrés les enfants, les fous et les aveugles. »

IVAN, à Sangarre.

Il n’est plus à craindre maintenant.

(Féofar, Ivan et tout le cortège sortent par le fond. Une demi-nuit s’est faite, et il ne reste plus en scène que Strogoff, Marfa et Nadia.)

(Strogoff se relève et se dirige en tâtonnant vers l’endroit où est tombée sa mère.)

STROGOFF.

Ma mère !… ma mère !… Ma mère !… ma pauvre mère !…

NADIA, venant à lui.

Frère ! frère ! mes yeux seront désormais tes yeux !… je te conduirai…

STROGOFF.

À Irkoutsk ! (Il embrasse une dernière fois sa mère.) À Irkoutsk !