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SANGARRE.

Parles-tu de ta vengeance ?

IVAN.

Oui, oui, de cette vengeance qui est maintenant assurée !

SANGARRE.

Elle t’échappera, si le Grand-Duc est prévenu à temps, si un courrier russe parvient jusqu’à lui !

IVAN.

Comment un courrier passerait-il à travers nos armées ?

SANGARRE.

Il en est un qui, sans moi, serait en ce moment sur la route d’Irkoutsk.

IVAN.

Parle, explique-toi.

SANGARRE.

Ivan, je suis plus près que toi du but que chacun de nous veut atteindre ! Le Grand-Duc n’est pas encore entre tes mains, tandis que j’ai en mon pouvoir cette Marfa Strogoff, dont j’ai juré la mort !

IVAN.

Achève.

SANGARRE.

La vieille Sibérienne a été prise au poste de Kolyvan, avec beaucoup d’autres. Mais dans ce poste, Marfa n’était pas la seule qui portât ce nom de Strogoff !

IVAN.

Que veux-tu dire ?

SANGARRE.

Hier, un homme a refusé de reconnaître Marfa, qui l’appelait son fils !… Il l’a reniée publiquement. Mais une mère ne se trompe pas à une prétendue ressemblance. Cet homme qui ne voulait pas être reconnu était bien Michel Strogoff, un des courriers du czar.

IVAN.

Où est-il ? Qu’est-il devenu ? A-t-on pu s’emparer de lui ?

SANGARRE.

Après la victoire, tous ceux qui fuyaient le champ de bataille ont été arrêtés. Pas un des fugitifs n’a pu nous échapper, et Michel Strogoff doit être parmi les prisonniers !