Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/314

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’AIDE DE CAMP.

Les dépêches s’arrêtent à Kolyvan, à mi-chemin de la route sibérienne, dont les Tartares sont les maîtres !

(Sur un signe du gouverneur, les portières retombent.)

LE GOUVERNEUR.

En sorte que la dépêche que nous avons transmise au Grand-Duc, celle qui désignait le jour où doit arriver, en vue d’Irkoutsk, l’armée de secours !…

L’AIDE DE CAMP.

Cette dépêche n’a pu parvenir à Son Altesse.

LE GOUVERNEUR.

Ainsi, les Tartares, maîtres de la route ! La Sibérie orientale séparée du reste de l’empire moscovite ! Le Grand-Duc non prévenu du jour où il doit être secouru, où il doit opérer sa sortie !… Il faut à tout prix… (Au général.) Général, n’y a-t-il pas au palais une compagnie de courriers du czar ?

LE GÉNÉRAL.

Oui, Excellence.

LE GOUVERNEUR, se mettant à écrire.

Connaissez-vous, dans cette compagnie, un homme qui puisse, à travers mille dangers, porter une lettre à Irkoutsk !

LE GÉNÉRAL.

Il en est un dont je répondrais à Votre Excellence, et qui a plusieurs fois rempli, avec succès, des missions difficiles.

LE GOUVERNEUR.

À l’étranger ?

LE GÉNÉRAL.

En Sibérie même.

LE GOUVERNEUR.

Qu’il vienne. (Le général dit un mot à l’aide de camp qui sort par la droite.) Il a du sang-froid, de l’intelligence, du courage ?…

LE GÉNÉRAL.

Il a tout ce qu’il faut pour réussir là où d’autres échoueraient.

LE GOUVERNEUR.

Son âge ?

LE GÉNÉRAL.

Trente ans.