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encombrée par tous ces marchands d’origine asiatique, qui retournent dans leurs provinces. On sera arrêté à chaque instant aux postes de police, et…

LE GOUVERNEUR.

Eh bien ! n’as-tu pas un passeport en règle ?

IVAN.

Sans doute, monseigneur ; mais, Votre Excellence le sait mieux que moi, un passeport en règle, ça n’existe guère en Russie !… Il y manque toujours quelque petite chose !… tandis que si Votre Excellence, qui a daigné se montrer satisfaite de nous, voulait bien m’en donner un… spécial, revêtu de sa signature… avec ce précieux talisman, nul obstacle à redouter… et… je pourrais partir en avant, afin de préparer les étapes de notre troupe !

LE GOUVERNEUR.

Soit ! Toi et les tiens, vous êtes de braves gens qui avez fait grand plaisir au Palais Neuf, et je ne refuse pas de vous être agréable.

IVAN.

Je baise humblement les mains de Votre Excellence.

LE GOUVERNEUR.

Et quand comptes-tu quitter Moscou ?

IVAN.

Demain… au lever du soleil, monseigneur, avant que les portes de la ville ne soient encombrées par les milliers d’étrangers qui vont partir.

LE GOUVERNEUR.

Eh bien, dis à cette belle fille, ta compagne, que rien ne retardera ton voyage ni le sien. Je vais d’abord faire préparer ton passeport, et celui-là… sera bien en règle. (Le gouverneur sort par la gauche. Le général remonte vers les groupes d’invités.)


Scène V

IVAN, SANGARRE.
IVAN, se redressant après avoir regardé si personne ne l’observe.

Et dans quelques jours j’aurai passé la frontière !

SANGARRE.

Et c’est alors, Ivan, que tu seras réellement libre.