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LE GOUVERNEUR.

Ce qui m’étonne, c’est que ce Féofar ait pu concevoir le plan de ce soulèvement et le mettre à exécution. Lorsqu’il a tenté une première fois d’envahir nos provinces sibériennes, il avait, pour le seconder, ce colonel Ivan Ogareff, qui, maintenant, expie sa trahison dans la citadelle de Polstock ; mais, cette fois, le khan de Tartarie, livré à ses propres inspirations, n’a plus Ogareff auprès de lui… et je ne puis m’expliquer…


Scène IV

Les Mêmes, IVAN, SANGARRE, tsiganes.
(Ivan est sorti du salon et s’est approché du gouverneur. Sangarre et ses Tsiganes sont restés au fond. — Les reporters et les officiers causent avec elles.)
IVAN, déguisé en vieux bohémien et parlant du ton le plus humble.

Monsieur le gouverneur… monseigneur…

LE GOUVERNEUR.

Qu’est-ce ? Ah ! c’est toi, vieux bohémien ! que me veux-tu ?

IVAN.

Je viens demander à Votre Excellence si elle est satisfaite des Tsiganes, auxquelles on a bien voulu réserver une place dans le programme de cette fête ?

LE GOUVERNEUR.

Enchanté… et j’aime à croire que, de ton côté, tu n’auras pas à te plaindre !… Bien rafraîchis, bien payés ?…

IVAN.

Oui, monseigneur, oui !… Aussi, je ne voulais pas prendre congé de Votre Excellence sans l’avoir humblement remerciée ! Sangarre se joint à moi !…

LE GOUVERNEUR.

Sangarre ? Ah ! cette belle fille que j’aperçois là ?

IVAN, faisant signe à Sangarre de s’approcher.

Oui !… Sangarre est la véritable directrice de ces Tsiganes, Excellence !… À elle revient la meilleure part des compliments que vous avez daigné leur adresser ! (Sangarre reste fièrement campée sans mot dire.)