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PASSEPARTOUT.

Vous seriez Chinoise, que je répondrais encore : non. Écoutez-moi. (Il se lève.) Jusqu’ici, j’ai mené une existence passablement agitée : tantôt au service de l’un, tantôt au service de l’autre. Ayant fait vingt places sans en trouver une bonne, ayant parcouru vingt pays sans me fixer nulle part… Or, je suis fatigué, rompu, éreinté, et je suis résolu à me reposer.

MARGARET.

Eh bien ! marions-nous.

PASSEPARTOUT.

Je vous dis que je veux me reposer.

MARGARET.

Eh bien ?

PASSEPARTOUT.

Que je veux prendre racine quelque part, dans un bon terrain bien exposé.

MARGARET, se campant devant Passepartout.

Justement. Le bon terrain… me voilà… bien exposé.

PASSEPARTOUT.

Trop exposé, Margaret. Je ne suis plus du bois, j’allais dire du fer dont on fait les maris. Je vais d’ailleurs quitter ce club.

MARGARET.

Quitter le club !…

PASSEPARTOUT.

Oui ! Répondre ici à tous les coups de sonnette, c’est au-dessus de mes forces. Il y a trop d’ouvrage. Il me faut une place exceptionnelle.

MARGARET.

Et vous l’avez trouvée ?

PASSEPARTOUT.

Je l’ai trouvée.

MARGARET.

Vraiment ! Chez qui ?

PASSEPARTOUT.

Chez M. Philéas Fogg.

MARGARET.

Ah ! ce gentleman qui vient tous les jours ici régulièrement, à la même heure, à la même minute ; qui entre par cette porte, qui fait trois pas en avant, donne son chapeau à droite, sa canne à gauche et son