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GLENARVAN.

Bref, il fallut employer le couteau pour briser l’enveloppe pierreuse de la bouteille, à l’intérieur de laquelle on trouva un papier, malheureusement à demi rongé par l’humidité, et qui ne portait plus que quelques mots, presque indéchiffrables.

ARABELLE.

Mais enfin, ce document ?

WILSON.

En l’examinant avec soin, on parvint à déchiffrer ce nom « Britannia ». Lord Glenarvan fit alors des recherches dans la collection de la Gazette Maritime, et bientôt il eut la certitude que cet écrit concernait le trois-mâts Britannia, capitaine Harry Grant, du port de Glascow, et dont on était sans nouvelles depuis plus d’un an.

ARABELLE.

Un an ! Comme cela doit paraître long à de pauvres naufragés ? Moi, si je vivais un an dans de pareilles conditions, je serais morte au bout de huit jours ! — Continuez, mon neveu.

GLENARVAN.

Si l’on connaissait le nom du navire, on ne savait malheureusement pas en quel point de la mer du Sud il avait fait naufrage. Il était bien question des contrées australes, de la latitude, mais quant à la longitude…

ARABELLE.

Oh ! ne prononcez pas de ces mots savants ! longitude ! latitude !… Ça m’embrouille la cervelle, et ça m’agace les nerfs !… Et alors, mon neveu, vous êtes parti pour Londres ?…

GLENARVAN.

Chère tante, oui, mais auparavant j’ai envoyé aux journaux un télégramme ainsi conçu : « Pour renseignements sur le sort du trois-mâts Britannia, de Glascow, capitaine Grant, s’adresser à lord Glenarvan, au château de Malcolm, comté de Dumbarton, Écosse. » Espérons que cette note sera lue par quelque membre de la famille du capitaine Grant ! (Il remet la bouteille à Mulray.)

ARABELLE.

Espérons plutôt que ce pauvre capitaine n’a ni femme ni enfants, que sa disparition aurait réduits au désespoir !