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FOGG.

Partir… me remettre en voyage…

AOUDA, d’un air incrédule.

Ah !

FOGG.

Je suis ruiné, Aouda. Tout à l’heure il me restait un million, mais c’est l’enjeu du pari que j’ai perdu, et je viens de l’envoyer à mes collègues.

AOUDA.

En sorte que vous ne possédez plus ?…

FOGG.

Que cinquante mille francs que je vous prie d’accepter. (Il lui présente un paquet cacheté.)

AOUDA.

Moi, vous voulez ?…

FOGG.

Ce sera votre dot… une bien pauvre dot. Aouda ! Je voulais vous en offrir une vingt fois plus belle !… Ma folie l’a perdue, il n’y faut plus songer !… Mais, si faible qu’elle soit, cependant, cette dot peut servir de base à la fortune d’un honnête homme… qui puisera dans votre amour la force et le courage !.. (Lui prenant la main.) Il vous enrichira, mon enfant, s’il vous aime… comme vous méritez d’être aimée !…

AOUDA.

Mais… si vous me donnez… ce peu qui vous reste… que deviendrez-vous ensuite ?

FOGG.

Oh ! moi… je… je vais me réfugier dans le sein d’une grande famille… où je ne manquerai de rien !

AOUDA, retenant son émotion.

Ah !… bien… bien !… je comprends !

FOGG.

Vous acceptez, n’est-ce pas ?

AOUDA.

J’accepte… si vous me promettez… si vous me jurez de faire ce qu’à mon tour je vais vous demander.

FOGG, défiant.

Ce que vous me demanderez… mais…