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ARCHIBALD, à Fogg qui vient de descendre de la passerelle.

Eh bien, ami Fogg, où en sommes-nous ?

FOGG.

C’est un mauvais marcheur que ce bateau ! Nous devrions déjà être en vue de Liverpool.

ARCHIBALD.

Et nous en sommes ?…

FOGG.

À cinq ou six heures encore !

ARCHIBALD.

Et c’est aujourd’hui le dernier jour !

FOGG.

Le dernier jour, et il faut absolument que je sois avant quatre heures à Liverpool pour prendre l’express de Londres !…

ARCHIBALD.

Mais, mille diables ! ne peut-on activer la marche de ce maudit bateau ?

FOGG.

Les fourneaux sont chargés de charbon, et nous portons toute la toile que le temps nous permet de porter. N’importe ! forcez ! forcez les feux…

LE CONTREMAÎTRE, embarrassé.

Mais, capitaine… c’est que…

FOGG.

Eh bien ! quoi ! qu’y a-t-il ?…

PASSEPARTOUT.

Il y a, monsieur, ce que les matelots n’ont pas voulu vous dire. Depuis huit jours, vous payez en secret les chauffeurs pour qu’à force de combustible ils nous fassent marcher plus vite… et ce matin, à sept heures, il n’y avait plus de charbon !

FOGG.

Plus de charbon !

PASSEPARTOUT.

Mais, comme je vous connaissais bien, j’ai pris sur moi de faire brûler tout ce qu’on pouvait brûler ! Il y avait dans la cale quelques milliers de jambons… On ne les mangera plus ceux-là ! Ils sont trop cuits pour ça !…

FOGG.

Bien, après ?