Je suis dans le même train que mon voleur, et je défie bien à son domestique de me reconnaître !
M’être laissé voler comme un niais ! Que dira mon pauvre maître quand il saura…
Ça qu’est temps bien froid, massa Français !
Va-t’en au diable, moricaud !
Vous pas bien jouyeux, massa ?…
Non, moi, pas joyeux du t… Allons, bon, voilà que je parle nègre, à présent !
Il me paraît utile de se dégourdir les jambes. Depuis cinq jours que nous sommes dans ce train… Neuf ! cents lieues de chemin de fer…
Le fait est que j’ai les pieds glacés et engourdis.
Vous pas voulé battre un peu semelle avec bon nègre ?
Battre semelle ?
Oui, pour réchauffer pieds à nous.
Soit, moricaud… battons ! (Ils se mettent à battre la semelle ensemble.) Ah ! si je me trouve jamais en face de mon voleur…
Vous qu’a été volé, massa ?
Oui !… (Battant toujours la semelle.) Et si le brigand se rencontre à portée de ma main…
Ou bin de pied à vous, bon blanc…
S’il en réchappe, il fera chaud !…