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LE CHEF.

Alors, que nos bouches soient muettes ! que nos bras soient prêts à agir ; mais écoutez ceci, et souvenez-vous : Frappez et ne pillez pas ! Nous sommes les vengeurs de notre race ! C’est par la mort de nos ennemis et non par le pillage que nous ferons expier le massacre de nos frères ! (ils sortent.)

(Le train, dont le bruit s’est peu à peu accru, se montre par la gauche ; la locomotive, de forme américaine, traverse lentement la scène et disparaît à droite avec les trois premières voitures du train dans lesquelles on aperçoit des voyageurs, et elle s’arrête. La quatrième voiture est en scène à la queue du train.)


Scène III

FOGG, ARCHIBALD, PASSEPARTOUT, FIX, AOUDA, NÉMÉA,
un conducteur, un employé, voyageurs, hommes d’équipe.
LE CONDUCTEUR, à l’employé.

Qu’y a-t-il donc ? pourquoi n’avancez-vous pas ?

L’EMPLOYÉ.

Je n’ose pas !… Les disques sont renversés.

LE CONDUCTEUR.

Les disques sont renversés ? Entrez toujours en gare, et prudemment, n’est-ce pas ?

L’EMPLOYÉ.

Soyez sans crainte.

LE CONDUCTEUR, regardant.

Les fils télégraphiques coupés ! les poteaux brisés ! Que s’est-il donc passé ? (À l’employé.) La voie est-elle libre ?

L’EMPLOYÉ.

Oui, jusqu’à présent.

LE CONDUCTEUR, regardant les pas.

Des traces d’Indiens, partout, de tous côtés !… Qu’est-il donc arrivé ?

UN VOYAGEUR.

À quelle distance sommes-nous d’Omaha ?

LE CONDUCTEUR.

À cinquante milles. Nous y serons dans deux heures. C’est ici la station de Kearney.