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PASSEPARTOUT.

Bon, c’est le nid aux pépites, çà…

FIX.

Et au sixième coup de pioche…

PASSEPARTOUT.

Au sixième coup… je… je vais m’en payer aussi un sixième coup. (Il tend son verre.) De l’eau, beaucoup d’eau. (Buvant.) Vous disiez donc… qu’au sixième… coup de pioche… À la vôtre !…

FIX.

À la votre !… Ah ! minute, de l’eau !… À la votre !… Je trouverai un million.

PASSEPARTOUT, à demi-ivre.

Un million !… en six… coups de pioche… Dites donc… dites donc, l’ami, pendant que vous y serez… donnez-en seulement trois pour moi… des coups de pioche… hein !… trois pour… trois… de… Elle est bonne cette eau-là, elle est bien bonne !… Alors, voyons encore un coup… un coup avec de l’eau. (Il s’endort.)

FIX, (Il se lève.)

J’ai réussi !… vite à l’œuvre. (Il va pour ouvrir sa sacoche.) Fermée, fermée à clef ! Ah ! je l’ouvrirai. (Il la force.) Le paquet de bank-notes !… Je les tiens et un reçu de la somme qu’il a déposée à Londres, chez un banquier. (Il le met dans sa poche.) Partons !… (S’arrêtant) Ah ! je ne suis point un voleur, moi. (Prenant son carnet et écrivant.) Reçu à compte pour restitution à la Banque d’Angleterre… (Il déchire le feuillet, le met dans la sacoche, gagne le milieu en passant devant la table.) Et maintenant, Philéas Fogg, essaye de continuer ton voyage et de surmonter les obstacles en semant des centaines de mille francs ! Je tiens l’argent de la Banque… Je tiendrai bientôt mon voleur ! (Il sort.)


Scène III

PASSEPARTOUT, LE TAVERNIER.
(Passepartout reste quelques instants la tête sur la table. Le tavernier qui est entré après le départ de Fix, vient près de lui.)
LE TAVERNIER, le considérant.

Pas fort celui-là ! (Se retournant.) Ah çà… et l’autre ? (Il va voir à la porte.) Parti ! Alors c’est donc celui là qui va payer pour les deux ! (Le secouant.)