Page:Les voyages advantureux de Fernand Mendez Pinto.djvu/518

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
500
Voyages Aduentureux

Lequiens, que le Portugal eſtoit beaucoup plus riche & de plus grande eſtenduë que tout l’Empire de la Chine, ce que nous luy accordaſmes. La ſeconde, qu’on l’auoit encore aſſeuré, que noſtre Roy auoit conqueſté ſur mer la plus grande partie du monde, ce que nous luy certifiaſmes auſſi. La troiſieſme, que noſtre Roy eſtoit ſi riche en or & argent, qu’on tenoit pour choſe certaine, qu’il auoit plus de deux mille maiſons qui en eſtoient pleines iuſques au toit, & à cela nous repartiſmes, que pour le nombre des maiſons nous ne le ſçauions pas au vray, à cauſe que le Royaume de Portugal eſtoit ſi grand, ſi plein de threſors & ſi peuplé, qu’il eſtoit impoſſible de pouuoir ſpecifier cela. Ainſi apres que le Nautaquin ſe fut entretenu plus de deux heures auec nous de ces demandes & autres ſemblables, ſe tournant du coſté des ſiens ; Aſſeurement, leur dit-il, pas vn de ces Roys que nous ſçauons maintenant eſtre ſur la terre, ne doit eſtre tenu pour heureux s’il n’eſt vaſſal d’vn ſi grand Monarque qu’eſt l’Empereur de ces gens-icy. Sur quoy ayant congédié le Necoda auec ceux de ſa compagnie, il nous pria de vouloir paſſr là cette nuit à terre auec luy, pour contenter l’extreme deſir qu’il auoit de s’enquérir de nous touchant pluſieurs choses du monde, à quoy il eſtoit grandement porté d’inclination. Par meſme moyen il nous aſſeura que le lendemain matin il nous feroit donner vn logis aupres du ſien qui eſtoit au lieu le plus commode de la ville ; ce que nous acceptaſmes tres-volontiers ; & cependant il nous enuoya en la maiſon d’vn marchand grandement riche, qui nous traitta fort ſplendidement, non ſeulement cette nuit, mais durant les douze iours que nous y demeuraſmes.