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de Fernand Mendez Pinto.

dire comme elles s’appellent ; car ie vous iure que i’acheteray plus volontiers cette marchandiſe que toute celle que vous me ſçauriez vendre. Cela dit, il s’en retourna à terre, & le lendemain comme il fut iour, il nous enuoya à noſtre Iunco vn grand Parao, plein de diuerſes ſortes de rafraiſchiſſements, où il y auoit des raiſins, des poires, des melons, & de toutes ſortes d’herbages de cette contrée ; dequoy nous rendiſmes graces à noſtre Seigneur. En eſchange de ce preſent, le Necoda luy enuoya par le meſme meſſager quelques pieces riches, enſemble quelques ioliuetez de la Chine : par meſme moyen il luy fiſt dire, qu’auſſitoſt que son Iunco ſeroit à l’ancre & en ſeureté du temps, il s’en iroit le voir à terre, & luy porteroit des eſchantillons de la marchandiſe qu’il auoit à vendre ; comme en effet le matin d’apres il mit pied à terre, & nous mena tous trois auec luy, enſemble plus de dix ou douze Chinois de ceux qui luy ſembloient plus graues, afin qu’à cette premiere veuë il donnaſt meilleure opinion de ſoy pour ſatisfaire à la vanité à laquelle ce peuple ſe porte d’inclination. Nous en allaſmes donc à la maiſon du Nautaquin, où nous fuſmes les tres-bien receus, & le Necoda luy fit vn riche preſent. Apres cela il luy monſtra des eſchantillons de toute la marchandiſe qu’il auoit, dequoy il demeura grandement content, & fit appeller à meſme temps les principaux marchands du pays, auec leſquels il fut traitté du prix de ſes marchandiſes. En eſtant demeuré d’accord, il fut reſolu que le iour d’apres on les tranſporteroit en vne certaine maison, où le Necoda ſe retira auec ſes gens en attendant qu’il pût faire voile à la Chine. Apres que tout cela fut ainſi reſolu, le Nautaquin ſe mit derechef à s’entretenir auec nous, & nous demanda beaucoup de choſes par le menu ; à quoy nous luy reſpondiſmes pluſtoſt pour nous accommoder au gouſt qu’il y pouuoit prendre, que pour luy dire réellement ce qui eſtoit de la verité, ce que toutesfois nous n’obſeruaſmes qu’en quelques demãdes qu’il nous fit, où nous iugeaſmes eſtre neceſſaire de nous ſeruir de certaines choſes feintes à plaiſir, pour ne déroger à la bonne opinion qu’il auoit de noſtre pays. La premiere choſe qu’il mit en auant fut d’auoir appris des Chinois & des