Page:Les voyages advantureux de Fernand Mendez Pinto.djvu/515

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
497
de Fernand Mendez Pinto.

ſſion, vn des ſix nous reſpõdit : Que le Nautaquin Seigneur de cette Iſle, appellée Tanixumaa le ſouffriroit tres-volontiers, moyennant les droits qu’on auoit accouſtumé de payer au Iappon, qui eſt, continua t’il, ce grand pays que vous voyés là deuant vous. Ces nouuelles & pluſieurs autres choſes qu’ils nous dirent nous reſiouyrent infiniment, de ſorte qu’apres nous auoir monſtré le port, nous leuaſmes l’ancre, & nous eſtants mis dans vn batteau, allaſmes par proüe nous mettre à l’abry d’vne calle que la terre faiſoit du coſté du Sud, où il y auoit vne grande ville appellée Miaygimaa, d’où nous vindrent incontinent à bord pluſieurs Paraoos auec des rafraiſchiſſemens que nous acheptaſmes.




Comme nous miſmes pied à terre en cette Iſle de Tanixumaa, & de ce qui nous aduint auec le Seigneur de ce lieu.


Chapitre CXXXIII.



Il n’y auoit pas plus de deux heures que nous auions pris terre en cette calle de Miaygimaa, lors que le Nautaquin, Prince de cette Iſle Tanixumaa, s’en vint droit à noſtre Iunco, accompagné de pluſieurs Marchands & Gentils-hommes qui faiſoient porter des quaiſſes pleines de lingots d’argent pour en faire eſchange auec nos marchandiſes. Ainſi après que de part & d’autre l’on ſe fut fait des cõpliments ordinaires, & que le Nautaquin eut parole de pouuoir venir à nous en toute aſſeurance, il s’y rendit incõtinent, & ne nous apperceut pas pluſtoſt nous autres trois Portugais, qu’il demanda quels gens nous eſtions, adjouſtant que par nos barbes & par nos viſages nous ne pouuions paſſer pour Chinois. À cette demande le Corsaire fit reſponce, que nous eſtions d’vn pays qui s’appelloit Malaca, ou depuis pluſieurs années nous eſtions venus d’vne autre contrée que l’on nõmoit Portugal ; dont ce Roy, ſelon qu’il nous auoit ouy dire autrefois, demeuroit au bout de la grandeur du monde. À ces mots le Nautaquin demeura