Page:Les voyages advantureux de Fernand Mendez Pinto.djvu/511

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
493
de Fernand Mendez Pinto.

ſplendides & de grands fraiz, l’Ambaſſadeur de Tartarie qui nous auoit menez, parla au Roy ſur ce qui eſtoit de noſtre voyage, & le Cauchin le luy accorda tres-facilement, ſi bien qu’à l’heure meſme il commanda qu’on nous donnaſt vn vaiſſeau pour nous en aller à la coſte de la Chine, où nous croyõs trouuer quelques Nauires de Portugais pour nous en aller à Malaca, & de là aux Indes ; tellement que noſtre deſſein fut incontinent mis en execution, & ſans vſer d’autre de l’ay nous fiſmes les preparatifs neceſſaires à noſtre partement.




Quel fut noſtre partement de cette ville d’Vzanguée, & de ce qui nous aduint iuſques à noſtre arriuée en l’Iſle de Tanixumaa, qui eſt la premiere terre du Iappon.


Chapitre CXXXII.



Le douzieſme de Ianuier nous partiſmes de la ville d’Vzanguée auec vn extreme contentement de nous eſtre eſchappez de tant de trauerſes & de trauaux que auions ſoufferts par le paſſé. Nous eſtant donc embarquez ſur vne grande riuiere d’eau douce, de la largeur de plus d’vne lieuës nous leuaſmes la proüe à diuers rhombs, à cauſe des deſtours que la riuiere faiſoit ; cependant que par l’eſpace de ſept iours, que nous y fuſmes, nous viſmes quantité de grands bourgs & de fort belles villes, leſquelles à ce que nous en pouuions iuger par les apparences, ne pouuoient eſtre peuplées que par des gens grandement riches. Ce qui eſtoit bon à iuger, tant pour la ſomptuoſité des edifices qui ſe voyoient aux maiſon des particuliers, mais encore plus aux Temples dont les clochers eſtoient tous couuerts d’or, & meſmes par le grand nõbre de vaiſſeaux de rame qui eſtoit ſur cette riuiere, chargez en abondance de toute ſorte de prouiſions & marchandiſes. Or comme nous fuſmes arriuez à vne fort belle ville appellée Quangeparuu, où il y pouuoit auoir 15. ou 20. mille feux,