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Voyages Aduentureux




De noſtre arriuée en cét Hoſpital, & de quelle façon nous y fuſmes receus.


Chapitre LXXXI.



Novs arriuaſmes à vne heure de nuit à vn petit hameau où eſtoit cét Hoſpital, pour la retraite des pelerins qui paſſoient par ces contrées. Là nous trouuaſmes quatre hõmes qui en auoient la charge, par qui nous fuſmes receus charitablement. Le lendemain ſi toſt qu’il fût iour, ils nous demanderent qui nous eſtions, & d’où nous venions ? A cette demande nous fiſmes reſponſe, que nous eſtiõs eſtrangers, natifs du Royaume de Siam, & qu’il y auoit deſia quinze iours que venant du port de Liampoo, pour nous en aller à la peſcherie de Nanquin nous nous eſtions perdus ſur mer parla violence de la tourmente, ſans auoir ſauué de ce naufrage autre choſe que nos miſerables corps, qu’ils voyoient tous nuds, & couuerts de playes. Là deſſus nous ayant derechef demandé quel eſtoit noſtre deſſein, & en quel lieu nous voulions aller, nous leurs reſpondiſmes que nous auions intention de nous rendre dans la ville de Nanquin, afin que là nous pûſſions nous embarquer comme gens de rame dans les premieres Lanteaas, qui partiroient, pour nous en aller à Canton, où ceux de noſtre païs par la permiſſion du Aytao de Paquin faiſoient leur commerce, ſur l’aſſeurance & la foy du fils du Soleil, Lyon couronné au Throſne du Monde, à cauſe dequoy nous les prions pour l’amour de Dieu de nous laiſſer dans cette Hoſpital iuſqu’à ce que nous euſſion recouuré noſtre ſanté, & de nous donner quelque ſorte de veſtemens pour couurir noſtre nudité. Apres que tous quatre nous eurent bien eſcoutez ; Il est raiſonnable, nous reſpondirent ils, de vous accorder vne choſe que vous nous demandez auec tant d’inſtance, & pour laquelle vous reſpandez tant de larmes. Mais d’autant que la Maiſon eſt fort pau-