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de Fernand Mendez Pinto.

l’ancre ſix iours, afin que durant ce temps-là ils euſſent moyen de luy accommoder vn lieu propre à le receuoir, puis que par cela ſeulement ils luy pouuoient teſmoigner leur bonne volonté, n’eſtant pas capables de dauantage pour le preſent, ny de s’acquitter de tant d’obligations, dont ils luy eſtoient redeuables. Ces paroles de courtoiſies eſtoient ſuiuies de pluſieurs autres complimens auſquels Antonio de Faria reſpondit auec la bienſeance requiſe. Cependant leur voulant complaire il leur accorda ce qu’ils luy demandoient, & dans les deux meſmes Lanteaas d’où luy eſtoient venus les rafraichiſſemens, il enuoya en terre les malades & les bleſſés qu’il auoit dans ſes nauires, que ceux de Liampoo receurent auec de grands teſmoignages d’affection & de charité : car à l’heure meſme ils furent logée dans les maiſons des plus riches, & pourueus magnifiquement de tout ce qui leur eſtoit neceſſaire, ſans qu’il leur manquaſt aucune choſe. Or durant les ſix iours qu’Antonio de Faria demeura en ce lieu il n’y eut point d’homme de qualité en toute la ville qui ne le vinſt viſiter auec quantité de preſens & de diuerſes ſortes de prouiſions, de rafraichiſſemens & de fruits, le tout en ſi grande abondance, que nous eſtions eſtonnés de ce que nous voyons deuant nous, principalement de la grande proprieté & magnificence dont toutes ces choſes s’accompagnaient.




De la reception que les Portugais firent à Antonio de Faria en la ville de Liampoo.


Chapitre LXVIII.



Dvrant les ſix iours qu’Antonio de Faria paſſa en ce lieu pour ſatisfaire à la promeſſe que ceux de Liampoo luy en auoient faite, il ne bougea point d’aupres de ſes nauires. A la fin vn Dimanche deuant le iour, qui eſtoit le tẽps limité pour entrer au port, on luy fiſt ouïr vn fort beau concert de muſique, tant d’inſtrumens que de voix, dont l’harmonie eſtoit