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de Fernand Mendez Pinto.

cent perſonnes, où il y auoit onze Portugais, ſans y comprendre les eſclaues & la perte de tout le reſte de l’equipage, tant en marchandiſe qu’en argent, en riches ioyeaux, en artillerie, en armes, viures & munitions, le tout eſtimé à plus de deux cent mille ducats : tellement que le Capitaine & tous les ſoldats ſe treuuerent deſtitués de tout, n’ayants autre choſe que ce qu’ils auoient ſur leurs corps. Nous appriſmes depuis que de ſemblables fortunes de mer aduiennent ordinairement en cette coſte de la Chine plus qu’en aucun autre païs, tellement qu’il eſt impoſſible d’y nauiger vne ſeule année ſans qu’il arriue quelque naufrage, ſi ce n’eſt qu’aux conionctions des pleines lunes on ſe mette à l’abry dans les ports, leſquels y ſont en fort grand nombre, & ſi bons que ſans apprehender aucune choſe on y peut entrer ayſement, pource qu’ils ſont tous fort nets, horſmis ceux de Lamau & de Sumbor qui ont quelques eſcueils, qui du coſté du Sud ſont eſloignés de demy lieuë de l’embouchure.




Comme Antonio de Faria euſt nouuelle de cinq Portugais, qui eſtoient demeurés captifs, & de ce qu’il fiſt là-deſſus.


Chapitre LXIII.



Apres que cette furieuse tempeſte fut entierement appaiſée, Antonio de Faria ſe mit incontinent dans l’autre grand Iunco qu’il auoit pris à Coja Acem, duquel eſtoit Capitaine Pedro de Sylua de Souſa, & ſe mettant à la voyle, il partit auec le reſte de ſa compagnie, qui conſiſtoit en trois Iuncos, & vne Lorche ou Lanteaa, comme les Chinois les appellent. La premiere choſe qu’il fiſt alors fut de s’en aller ancrer au havre de Nouday, afin d’y auoir nouuelles de treize captifs qu’on y auoit arreſtés ; y eſtant arriué enuiron la nuit, il enuoya de petites barques, qu’ils appellent Baloes, aſſez bien equippées pour eſpier le port, & ſonder le fonds de la riuiere, enſemble