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de Fernand Mendez Pinto.

pouſée, arriua le nouueau marié, cherchant ſa femme auec cinq voiles remplies de flammes & banderoles. Comme il paſſa pres de nous, il nous ſalüa auec force muſique & demonſtration d’allegreſſe, ne ſçachant pas ſon malheur, ny que nous emmenions ſa femme. Ainſi auec toutes ſes bannieres & tentes de ſoye, il tourna le Cap de Tilaumera, où nous auions le iour d’auparauant fait la priſe, auquel lieu il anchra pour y attendre ſa femme, comme il luy auoit eſcript, & nous ſuiuants noſtre route à la voile, il plût à Dieu qu’en trois iours nous arriuaſmes au port de Mutipinan, qui eſtoit le but où nous pretendions, à cauſe de la nouuelle qu’auoit Antonio de Faria, qu’il y pourroit vendre ſa Marchandiſe.




De l’enqueſte ou information qu’Antonio de Faria fit de ce pays.


Chapitre XLVIII.



Estans arriuez en ce port nous anchraſmes en vne rade que la terre fait aupres d’vne petite Iſle du coſté du Sud de l’emboucheure, à l’entrée de laquelle nous demeuraſmes ſans ſaluër le port, ny faire aucun bruit, auec intention incontinent qu’il feroit nuict, d’enuoyer ſonder le fond de la riuiere, & nous informer de ce que nous deſirions ſçauoir. Si toſt que la Lune parut, qui fut enuiron les vnze heures, Antonio de Faria enuoya vne de ſes Lanteaas bien équippée, auec douze ſoldats, & en fit Capitaine vn nommé Valentin Martins Dalpoem, homme ſage, & de grande entrepriſe, qui autrefois auoit fait preuue de ſa perſonne en ſemblables occaſions, lequel eſtant party s’en alla touſiours ſondant le fond de la riuiere, tant qu’il fut arriué ou lieu où l’on anchroit. Là il priſt deux hommes qui dormoient dans vne barque pleine de vaiſſelle de terre, & retournant à bord ſans auoir eſté apperceu, il rendit compte à Antonio de Fa-