Page:Les voyages advantureux de Fernand Mendez Pinto.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ſoient agreables. Car ici les melancholiques trouueront ſans doute, des ſuiets de raillerie dans les ſuperſtitions des Gentils ; les plus ſerieux des maximes remarquables en leur gouuernement politique : les doctes de l’admiration en la diuerſité des ſectes & des opinions de pluſieurs nations differentes, les affligez du contentement en la conſideration des diſgraces, & des proſperitez de la vie ; les ſages des ſubtilitez d’eſprit, en ce qui regarde les couſtumes de ces peuples d’Aſie ; les mal-heureux des exemples pour ſe conſoler eux-meſmes par les infortunes d’autruy ; les auaricieux des richeſſes en abondance, & les grands courages des ſuiets d’entrepriſe & de guerre. En vn mot, ie ne doute point que ces Relations ne contentent tous ceux qui prendront la peine de les lire, horſmis les ignorans, qui poßible n’y trouueront rien à leur gouſt. Car, comme dit fort bien Seneque, tels eſprits extrauagans ont cela de commun auec la folie, de blaſmer indifferemment toutes choſes, & s’en degouſter, ſans ſçauoir pourquoy. Außi veux ie bien qu’ils ſçachent que ie ne pretends point icy de me rendre complaiſant à leur humeur, mais bien de m’accommoder à celle des ſages, de l’approbation deſquels dépend toute la gloire de cét ouurage.