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aſſez de bon-heur ny de merite pour vous en rendre des preuues conformes à mon deſir, ie vous ſupplie tres-humblement de m’excuſer, ſi ie n’y ſatisfais qu’en partie, en vous dediant cet Ouurage. Il eſt plein de tant de belles diuerſitez, qu’on en trouuera difficilement vn autre qui ſoit plus vtile & plus agreable. Car i’oſe bien dire que les eſprits curieux qui ſe delectent à la lecture des liures rares, trouueront amplement à ſe contenter en celui-cy, où ſans ſortir de leur Cabinet, & ſans courir fortune de faire naufrage, ils pourront trauerſer les Mers, voir les plus belles Prouinces du Monde, s’entretenir de choses eſtranges & inouïes, conſiderer dans les diuerſes façons des peuples que nous appellons Barbares, leur Religion, leurs Loix, leurs grandes richeſſes, leur gouuernement en temps de paix & de guerre, & en vn mot ſe repreſenter comme en vn tableau, tout ce que l’Europe, l’Afrique & l’Aſie ont de plus exquis & émerueillable en leur eſtenduë. Mais quelques belles que ſoient ces choses, & quelque luſtre que leur apporte ce Voyageur Portugais, ie m’aſſeure que s’il eſtoit encore en vie, & s’il auoit le bon-heur de s’arreſter prés de Vous, il confeſſeroit veritablement de n’auoir iamais veu en tous ſes voyages vn homme qui vous valût, en ce qui regarde le gou-