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de Fernand Mendez Pinto.

grandement bien traitté, & y garday le lict par l’eſpace de plus d’vn mois, qu’il plût à Dieu me donner vne parfaite ſanté.




De l’armée que le Roy d’Achem enuoya contre le Roy d’Aaru, & de ce qui luy aduint en arriuant à la riuiere de Panetecan.


Chapitre XXVI.



Apres que i’eus recouuert ma ſanté, Pedro de Faria m’enuoya querir à la fortereſſe, où il s’enquit de moy des choſes que i’auois faites auec le Roy d’Aaru, enſemble comment, & en quel endroit ie m’eſtois perdu. Là deſſus ie luy fis vne ample relation de tout le ſuccez de mon voyage, & de la perte qui m’eſtoit aduenuë ; dequoy il demeura tout eſtonné. Mais deuant que traitter d’autre choſe, il eſt neceſſaire de rapporter icy quelle fut la fin de cette guerre de ces deux Roys d’Aaru & d’Achem, & quel l’appareil de leurs armées, afin que par là paroiſſe clairement la deſolation que i’ay ſi ſouuent predite auec tant de gemiſſemens & de larmes, touchant noſtre Malaca, forteresse grandement importante à l’Eſtat des Indes ; à cauſe dequoy ie n’ay peu retenir maintesfois mes plaintes : ce qui toutesfois eſt vne choſe qui ſemble eſtre miſe en oubly par ceux qui auec plus de ſuiet en deuroient auoir la memoire touſiours preſente. Car ie reconnois que la raiſon veut que de deux choſes il en faut executer vne, à ſçauoir, ou ruiner entierement la puissance du Roy d’Achem, ou par elle-meſme perdre miſerablement tout le pays que nous auons conquis le long de la coſte du Sud, comme Malaca, Banda, Maluco, Sunda, Borneo, & Timor, & deuers le Nord, la Chine, le Iappon, & les Lechies, & pluſieurs autres terres & ports, où les Portugais ont vn tres-grand intereſt, pour le trafic qu’ils y font iournellement. Auſſi y eſperent-ils plus de profit qu’en aucun autre de ces endroits deſcouuerts, au delà du Cap de