de Cortona à Arezzo sur les épaules des hommes de la Compagnie de San Girolamo, et Luca, malgré sa vieillesse, voulut l’accompagner, tant pour le mettre lui-même en place que pour revoir ses amis et ses parents. Comme il logea dans la maison des Vasari, où j’étais petit enfant de huit ans, je me souviens que ce bon vieux, courtois et de bonne mine, ayant entendu du maître qui m’apprenait les premières lettres que je ne m’occupais à l’école qu’à faire des figures, je me souviens, dis-je, qu’il se retourna vers Antonio, mon père, et lui dit : « Antonio, puisque Giorgino ne dégénère pas, faites-lui apprendre à dessiner de toute façon, puisque, tout en étudiant les lettres, il apprendra le dessin qui ne peut que lui être utile et plaisant, et lui faire honneur comme à tout homme bien élevé. » Puis, se retournant vers moi, qui étais debout devant lui, il dit : « Travaille, petit cousin. » Il dit encore de moi beaucoup d’autres choses que je passe sous silence, parce que je reconnais être loin d’avoir confirmé la bonne opinion qu’avait de moi ce bon vieillard. Le tableau mis en place, il retourna à Cortona, accompagné une grande partie de la route par une foule de citoyens, de parents et d’amis, ainsi que le méritait le grand talent de cet homme qui vécut toujours plus en seigneur et en gentilhomme qu’en peintre.
À cette époque, Silvio Passerini, cardinal de Cortona[1], résolut d’orner de peintures un palais qu’il avait fait construire, à un demi-mille hors des murs de la ville, par Benedetto Caporali[2], peintre pérugin, qui, peu de temps auparavant, avait commenté Vitruve[3]. Benedetto couvrit de fresques[4] tout ce palais avec l’aide de plusieurs élèves, entre autres Tommaso et Masso Papacello di Cortona[5]. Le cardinal ayant voulu aussi avoir quelque chose de la main de Signorelli, celui-ci, bien que vieux et gêné par la paralysie, peignit à fresque un Baptême du Christ[6], sur la façade de l’autel de la chapelle dans le Palais Passerini, mais il ne put le terminer, car il mourut pendant le travail à l’âge de 82 ans[7].
Luca fut un homme de mœurs excellentes, sincère, aimable avec ses amis, d’une conversation douce et plaisante avec tout le monde et