Mais Vittore Scarpaccia[1] fut véritablement le premier qui, parmi tous ces peintres, fit des œuvres d’importance. Ses premières furent dans la Scuola di Sant’Orsola, où il peignit sur toile la majeure partie des histoires qui y sont et qui représentent la vie et la mort de cette sainte[2]. Il sut si bien se tirer des difficultés de ces œuvres, qu’il exécuta avec un grand soin, qu’il en retira la réputation d’un maître consommé, ce qui fut cause, dit-on, que la nation milanaise lui fit faire un tableau à détrempe[3] destiné à la chapelle de sant’Ambrogio, qu’elle possédait dans l’église des Mineurs. Dans l’église Sant’Antonio, à l’autel du Christ ressuscité, où il peignit son Apparition à la Madeleine et aux Maries[4], il fit un paysage en perspective, dont les lointains fuient d’une manière admirable. Dans une autre chapelle, il peignit l’histoire des Martyrs, c’est-à-dire quand ils furent crucifiés[5]. Ce tableau renferme plus de trois cents figures grandes et petites, et, en outre, des chevaux, des arbres, un ciel ouvert, différentes figures nues, habillées, des raccourcis et une quantité d’autres choses, en sorte que l’on voit bien qu’il dut l’exécuter avec une peine extraordinaire. Dans l’église San Giobbe in Canareio, à l’autel de la Madone, il la figura quand elle présente l’Enfant Jésus à Siméon[6]. La Vierge est debout et Siméon, revêtu d’une chape, se tient entre deux ministres vêtus en cardinaux. Derrière la Vierge sont deux femmes, dont une tient deux colombes. Le bas de ce tableau est occupé par trois enfants : le premier joue du luth, le second du serpent et le troisième de la viole ; le coloris de tout ce tableau est charmant et
- ↑ La vie de Carpaccio, sur laquelle on ne possédait jusqu’à présent que peu de renseignements, a été éclaircie par les recherches de MM. G. Ludwig et P. Molmenti. Voir leur ouvrage : Vittore Carpaccio : la vita et le opere, in-4, Milano, Hœpli 1906. Il naquit vers 1455. Sa famille, les Scarpazza, habitait Venise depuis longtemps, et il naquit vraisemblablement dans cette ville. En 1472, il est d’âge à hériter d’un de ses oncles. Il dut mourir, entre la fin de 1523, où il il est payé d’une Nativité, et le milieu de 1526 : à cette date le peintre Pietro Carpaccio se dit fils de fu Vettore. Œuvres non mentionnées par Vasari : Peintures de Saint-Georges des Esclavons, 1502-1511. — Vierge de San Vitale, signée, datée 1514. — Pinacothèque. Rencontre de Joachim et de sainte Anne, signée, datée 1515. — Palais ducal. Lion de saint Marc, signe et daté 1516. — Musée Correr. Deux femmes au balcon, signé et non daté. — Autres tableaux à Paris, Berlin, Stuttgard, Milan, Londres, Capo d’Istria, dont la famille était peut-être originaire.
- ↑ Neuf toiles à l’Académie de Venise, signées, quelques-unes datées 1493, 1495.
- ↑ Un Couronnement de la Vierge, en place, œuvre d’un Vivarino et de Marco Basalti.
- ↑ Peinture perdue.
- ↑ À l’Académie, signé V. CARPATHIVS M. D. X.
- ↑ À l’Académie, signé VICTOR CARPATHIVS M. D. X.