avoir fait beaucoup pour se soustraire à une entreprise si longue et si gênante. Il fit ensuite construire le tombeau à San Piero in Vincola, de la manière suivante : Il établit sur le premier soubassement sculpté quatre piédestaux avec les ressauts, qui devaient primitivement supporter chacun un prisonnier, et qu’il remplaça par des termes. Mais, comme ce bas de monument paraissait maigre, il établit au pied de chaque terme une console renversée posant sur le piédestal. Ces quatre termes encadraient trois niches dont les deux extrêmes, de forme ronde, devaient contenir les Victoires, à la place desquelles il mit Lia, fille de Laban, personnifiant la Vie active, tenant un miroir dans une main, en considération de nos actions, et dans l’autre main une guirlande de fleurs, pour les vertus qui ornent notre vie pendant son cours, et la font glorieuse après la mort. L’autre statue représentant Rachel, sœur de Lia, les mains jointes, un genou plié et le visage élevé, comme transporté, personnifie la Vie contemplative. Ces statues furent exécutées par Michel-Ange en moins d’une année. La niche centrale est carrée ; primitivement, elle devait être une des portes qui donnaient accès dans le petit temple ovale du tombeau, quand il était rectangulaire et isolé. Dans cette niche est posée sur un dé de marbre l’énorme et admirable statue de Moïse, dont il a été suffisamment parlé. Au-dessus de la tête des termes qui forme chapiteau, il y a une architrave, une frise et une corniche qui avancent au-dessus des termes et sont richement couvertes de feuillages, d’oves, de dentelures et d’autres ornements. Sur la corniche se trouve un nouvel ordre soigné, mais sans sculptures, comportant des termes différents, et qui correspondent aux premiers, en guise de pilastres, avec divers modes de corniches. Pour que tout cet ordre corresponde à l’inférieur, il y a un vide au-dessus de la niche qui contient le Moïse, et dans ce vide, sur un ressaut de la corniche, est posé un sarcophage de marbre avec la statue couchée du pape Jules, faite par Maso dal Bosco[1], sculpteur. En arrière de cette statue, il y a une Vierge tenant à son cou l’Enfant Jésus, exécutée par Scherano da Settignano, sculpteur, sur le modèle de Michel-Ange ; ce sont de bonnes statues. Dans les deux niches carrées qui surmontent la Vie active et la Vie contemplative, on voit deux statues plus grandes qui représentent un Prophète et une Sybille assis ; ces deux statues qui sont de Raffaelo da Montelupo, donnèrent peu de satisfaction à Michel-Ange. Enfin le monument se termine par une corniche variée qui avance sur toute la largeur, comme dans l’ordre
- ↑ Tommaso di Pietro Boscoli, de Fiesole, 1501-1574.