à cette nouvelle besogne. Ainsi il commença volontiers ce tombeau, pensant le conduire à fin, sans tous ces empêchements ; mais il n’éprouva que du dégoût et en retira plus d’ennuis et de soucis que d’aucune autre entreprise . Il lui en resta même, pendant un certain temps, la réputation d’être ingrat envers ce pape qui l’avait tant aimé et favorisé. S’étant donc remis au tombeau et y travaillant continuellement, tout en mettant au net des dessins pour couvrir de peintures les parois de la chapelle Sixtine, il eut la mauvaise fortune de ne pouvoir donner à son œuvre une fin digne de la perfection qu’il y avait mise au début, car le pape Jules mourut à cette époque[1], et le tombeau fut abandonné par suite de l’élection du pape Léon X[2]. Celui-ci, qui n’était pas inférieur en mérite et en grandeur d’âme à Jules II, désirait laisser dans Florence, sa patrie, parce qu’il était le premier pape originaire de cette ville, les merveilles qu’un grand prince comme lui pouvait faire exécuter, et qui devaient perpétuer son nom, ainsi que celui d’un artiste divin, son concitoyen. Ayant donc donné l’ordre que l’on entreprît la façade de San Lorenzo, à Florence, église construite par la maison de Médicis, il fut cause que le travail du tombeau resta interrompu et que Michel-Ange fut appelé à diriger la nouvelle construction[3], après que le pape lui eut demandé de donner son avis et de fournir un dessin. Michel-Ange résista autant qu’il le put, alléguant qu’il avait des obligations à remplir envers les cardinaux Santiquattro et Aginense, au sujet du tombeau. Le pape lui répondit de ne pas s’en préoccuper, qu’il y avait déjà pensé et fait en sorte que Michel-Ange fût libéré de ses engagements, enfin qu’il avait promis que Michel-Ange s’occuperait, à Florence, des statues du tombeau, comme il l’avait déjà fait auparavant. Tout cela ne se passa pas sans le déplaisir des cardinaux et de Michel-Ange, qui s’en alla désolé. Il y eut ensuite de nombreuses discussions, au sujet de la façade de San Lorenzo, dont le pape aurait voulu répartir le travail entre différentes personnes. De nombreux artistes concoururent pour l’architecture, et des dessins furent présentés par Baccio d’Agnolo, Antonio da San Gallo, Andrea et Jacopo Sansovino, et le charmant Raphaël d’Urbin, qui fut ensuite emmené par le pape à Florence, à ce sujet. Alors Michel-Ange se décida à faire un modèle et à ne souffrir qu’aucun chef ou guide, autre que lui, ne fût préposé à la construction. Mais le fait de ne vouloir pas d’aide fut
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